lundi 27 juillet 2015

GP de Domessargues

FSGT : GP de Domessargues

Clément

Ce dimanche 26 juillet se déroulait l'arrivée du Tour de France qui a vu la victoire de Froom'inator. Mais le matin j'avais rendez-vous à Domessargues, petit patelin pommé du Gard. Je profite de mes vacances pour m'entraîner et cette course organisée par la FSGT va me permettre de faire du rythme. C'est aussi la première fois que je vais courir en première catégorie !

Le circuit

C'est un circuit de 3 kilomètres en forme de triangle sans difficulté majeure. Bien que le premier côté monte un peu, le vent dans le dos n'aide pas à sortir. La montée se fait donc à plus de 30 km/h. Au bout de cette montée, il y a un virage en épingle très lent puis, le deuxième côté de ce triangle, complètement exposé au vent de côté qui vient de la droite. En plus de ce vent, il faut ajouter que la route ne rend vraiment pas bien et qu'elle ne fait pas plus de 3 mètres de larges. Enfin, le troisième côté de ce circuit est la départementale. Très bon rendement mais le vent de face se fait ressentir.
Il y a 25 tours à réaliser pour les 1, 2 ,3 soit un peu plus de 75 km.

L'objectif

Rien de particulier. Je ne connais pas le niveau dans la région et le circuit n'est, a priori, pas fait pour moi. Je pars donc avec pour but de tester des choses. Jusqu'à maintenant je n'ai jamais attaqué en course et ai juste attendu l'arrivée pour produire mon effort. Cette fois-ci j'animerais la course quitte à faire n'importe quoi autant que ce soit avec panache x-)

Le résumé

Sur la ligne de départ, j'ai le dossard numéro 1. Toutes les catégories partent en même temps et nous sommes alors 35. En première catégorie, nous sommes à tout casser 4 ou 5 mais je n'en ai rien à faire. De toute façon c'est décidé je fais le départ. 
Comme prévu au bout d'un tour je suis dans la première échappée à 4. J'ai dû pour cela partir en contre et ça m'a coûté un peu plus d'énergie que ce que j'aurais espéré. Nous faisons un autre tour la tête dans le guidon, mais cela ne suffit pas et on se fait reprendre. 
Ensuite impossible de compter toutes les attaques. Je dois souffler un peu et ne cherche pas à sauter dans les roues. Certaines équipes sont bien représentées avec 3 coureurs. Ne me sentant pas capable de remettre une attaque, je cherche plutôt à contrôler les équipes les plus représentées. Un groupe de deux a réussi à creuser un écart de quelques centaines de mètres. Intercalés entre eux et le peloton plusieurs coureurs font l'effort pour revenir et former un groupe. Moi, derrière, je ne laisse plus sortir personne mais je me retrouve de plus en plus seul pour mener la chasse. Quand on a vent de face, je n'ai personne pour me relayer, dans la montée ça attaque, puis quand on reprend le vent de côté les attaquants coincent et je les reprends avant de tourner sur la départementale. Ce n'est certainement pas comme ça que l'on revient sur une échappée. J'ai bien essayé de sortir moi-même mais je n'avais pas de quoi revenir tout seul en chasse patate. 
Les échappées ont pu former un groupe de 8 et en s'organisant, ils creusent l'écart. Je suis le seul à tirer le peloton, nous avons d'ores et déjà perdu. Il reste pourtant encore deux tiers de la course à parcourir. Je ne suis pas venu pour me la couler douce donc je continue de jouer les coéquipiers modèles et à tirer tout seul le peloton. Une ou deux fois, je trolle ceux dans ma roue pour espérer avoir un relais mais rien de concluant. Comme je commence à fatiguer, je préfère me lancer décrocher quand ça attaque dans la montée. De toute façon, je reviens toujours en prenant le vent et en reformant un éventail. 
Les tours s’enchaînent comme ça jusqu'au 20 ème tours. J'arrête de cravacher devant pour lancer les 4 et 5 faire leur sprint d'arrivée. Je considère avoir bien bossé depuis le début et maintenant je suce les roues pour me refaire une "santé" avant l'arrivée dans 5 tours. Le dernier tour est le plus lent. Je me retrouve encore une fois devant avant de tourner sur la départementale. Cette fois-ci pas question de leur amener le sprint. Il me faut presque appuyer sur les freins pour me retrouver dernier du groupe (d'une dizaine). Je décide alors de partir pour faire le kilomètre. Je pars donc dans une opération complètement suicidaire avec le vent de face (bien qu'il me semble avoir un peu diminué depuis le départ). C'est avec la banane sur le visage que je me dresse. Je déboule de derrière et je sens que j'ai réussi à prendre quelques mètres. 52 km/h sur le compteur. Après 400/500 m, je me retourne, un groupe de 4 revient sur moi. Je relâche un peu mon effort et aborde le dernier virage en tête. Ils ont réussi à reprendre ma roue et je me fais doubler sur le sprint.

Je n'ai aucune idée de ma position et malgré le fait que j'ai raté le bon coup, je suis assez fier. Je me suis bien amusé à troller, attaquer et mener le train devant le peloton. Je suis à 183 puls de moyenne sur la première heure, un effort qui ressemble presque plus à l'ascension d'un col. Je remarque aussi que j'ai beaucoup progressé sur ce type de course plane. Il faut que je me mette en tête que j'aie aussi une chance de gagner sur ce terrain.

mercredi 15 juillet 2015

Multisegur Volta als Ports d'Andorra

Multisegur Volta als Ports d'Andorra


Tel est le nom de cette cyclo disputée en terre andorran. Je suis inscrit sur le petit parcours de cette cyclo depuis février et malgré une hésitation pour basculer sur le grand parcours présentant un défi physique plus intéressant, j'ai préféré rester sur le parcours me permettant d'envisager un bon résultat final. 
Venons-en au profil de cette course. Au programme 80 km au cœur de l'Andorre. Les 7 premiers kilomètres sont neutralisés et sont relativement sinueux. Le départ réel est donné à l'entrée d'un tunnel d'environ 2 bornes. On roule ensuite dans une vallée en faux plat descendant jusqu'à un demi tour au kilomètre 22. Les premiers vrais pourcentages sont seulement après 10 kilomètres de faux plat montant. C'est à partir de là que les choses intéressantes commencent ! Le premier col, le col d'Ordino est annoncé à environ 9 km mais en réalité on peut doubler cette distance à cause des premiers pourcentages assez durs mais irréguliers qui ne sont pas pris en compte.
Après une descente rapide, on arrive dans une vallée constituée d'une série de raidillons. Le village El Serrat indique le début du vrai col. Des passages à 14% qui font vraiment mal. L'arrivée se situe 10 km plus loin à 2225 m d'altitude.
Au vu du niveau sur la course, j'ai pour objectif de faire un podium.


Le départ est donné à 8h30. Des drones nous survolent et nous filment, ça nous fait patienter un peu. Le départ des deux courses s'effectue en même temps mais la grande démarre devant nous. Je suis donc placé au milieu du peloton mais dans les premiers de la petite. 
Le départ est donné et s'engage alors la remontée vers l'avant. Je me place sur la gauche de la route et commence à remonter. Je suis d'abord aidé par Eric Gavalda, un membre de mon équipe qui me remontera sur 500 m lors d'une relance à 40 km/h. Puis je change de roue pour celle d'Angel Puerta. Pendant tout le parcours fictif, je me suis contenté de le suivre pour remonter le peloton, un vrai gain dans ce genre de moment tendu. Nous arrivons à l'entrée du tunnel et la voiture ouvreuse fait signe du départ. A ce moment, je suis à vue de nez un peu plus de cinquantième, placé en plein milieu du peloton. Un avantage car ça commence tout de suite à visser. Vraiment une sensation plaisante de rouler à 55km/h sans forcer sur du plat. La sortie du tunnel est quelque peu acrobatique et nous amène vers une descente. Ça s’étire et le passage d'Andorre la Vieille va créer de réelles cassures. Je suis pris dans l'une d'elles. Angel le remarque et ralentit pour venir me tirer. Je pus boucher les 150 m restant après son coup de main.
Je n'ai eu ensuite qu'à gérer mon positionnement. Le demi tour au bout de la route est un peu houleux mais je reste bien placé. Quelques kilomètres plus loin se trouve la zone de séparation des deux courses. Après la séparation des deux groupes, c'est le moment de faire le bilan de la première partie de course qui consistait à remonter le peloton. Je suis dans le groupe de tête composé de 7/8 coureurs. Derrière, il n'y a pas grand monde. Quelques kilomètres plus loin je vois revenir Angel qui a fait l'effort pour rentrer dans le groupe, nous sommes donc une dizaine mais pas pour longtemps car les premiers pourcentages approchent. Je me sens bien dans ces raidillons et me demande si je ne devrais pas mettre une mine tout de suite. Je me ravise car j’appréhende un peu les deux cols à venir et nous en sommes encore trop loin. De plus, cela fait quelques kilomètres que j'ai remarqué que le serrage rapide de la roue avant n'était pas à sa position de départ. Je crains que la roue se desserre. Tandis que le groupe se réduit, je remarque que le serrage a encore bougé. Je ne m'arrête pas immédiatement, j'attends le meilleur moment qui me permettra de ne pas perdre de temps. Une petite pensée à Benjamin qui connait ce genre de pépin me traverse. Je profite d'un long replat pour m'arrêter. Arrêt éclair et efficace d'une quinzaine de secondes. La roue était en effet en train de se desserrer. Je repars à fond pour reprendre le groupe qui me semble avoir ralenti pour m'attendre. Je les rejoins juste avant d'arriver dans les premiers gros pourcentages de la journée. Nous sommes donc 6. Deux coureurs restent en arrière et semblent être à la peine. Un aveyronnais est à peu près à ma hauteur. Un andorran habillé en BMC me donne l'impression de lutter pour rester devant. Et enfin, Samuel Leguevaques ,avec qui j'ai roulé au tour du Tarn sud, laisse une impression de facilité. Il imprime le rythme et semble profiter à fond du paysage. 
Nous arrivons au rond-point qui va nous diriger vers la véritable ascension d'Ordino. Samuel continue de donner le rythme. De 6 nous passons à 4, puis 3 (Samuel, le BMC et moi). Pour ma part le rythme est légèrement trop soutenu et je commence à lutter pour tenir la roue. J'entre dans ma zone de surrégime à 187 puls. Je suis troisième et rester plus longtemps pour finir par exploser serait dommage. Je relâche l'effort mais pas d'un coup. Je veux seulement retrouver mon rythme de croisière. Je peux enfin relever la tête et profiter du paysage, c'est vraiment beau ! Derrière, j'ai pris 100 à 200 m d'avance sur l'aveyronnais. Devant, l'écart grandit mais pas si vite que ça. La suite de la montée je la fait en vérifiant ma FC, je suis enfin redescendu à mes valeurs habituelles entre 180 et 182 puls. Au sommet, il n'y a plus personne devant moi ni derrière. A moins d'une défaillance d'un des coureurs devant moi ou de ma part, je ne reverrais personne d'ici la fin de la course. L'écart s'étant fait à la pédale, à part une défaillance, il n'y a pas de raison que le classement change pour moi. C'est donc psychologiquement prêt à me battre en solitaire que j'aborde la descente. Il me semble faire une bonne descente, je relance en sortie de virage, sans prendre trop de risque. Je commence quand même à me sentir un peu seul en arrivant en bas à Ordino. Personne au bord des routes, pas de voitures... 
Enfin la civilisation au moment de prendre le rond point m'amenant vers la vallée précédant le dernier col. J'ai pu repérer cette route la veille. Je sais donc qu'il est impossible de si reposer à cause du parcours accidenté. Un ravitaillement est placé juste avant El Serrat. Je prends au vol un verre d'eau. Il commence en effet à faire chaud. 
Les premiers pourcentages sont terribles, danseuse obligatoire. Je cherche du regard mon poursuivant afin de savoir si je dois m'inquiéter. Je finis enfin par le voir dans une longue ligne droite. Il doit être environ à 2 min, pas de quoi s'affoler. Je maintiens un bon rythme sans chercher à me mettre dans le rouge. Le col est long mais j'avance inexorablement vers le sommet. J'arrive au dernier ravito avant une série de lacets. Un autre verre pour s'arroser et je rattrape Sylvie du VSC ayant anticipé la course. Dans ces lacets, je double plusieurs touristes luttant contre la pente. Je passe la ligne après 2 h 55 min d'effort.

Je suis à 2200 m d'altitude et je suis l'un des premiers à profiter de ce paysage.
Le contrat est rempli, je monte sur le podium. Un beau groupé de l'équipe qui place 6 coureurs dans les 35 premiers de la course. Angel finit 15ème et je le remercie pour son aide.
Pour terminer, quelques mots sur le podium. Je ne suis pas habitué et c'est le gros stress. Heureusement que je n'étais pas le seul français et que j'avais la compagnie de Samuel. Nous montons sur le podium à deux reprises (retard des coupes le premier coup). Nous ne pigeons rien de ce que dit le speaker andorran à part nos noms. Derrière le podium, j'ai pu discuter avec Sébastien Pillon (US Montauban DN2) qui finit deuxième de la grande derrière un pro d'Orica Green Edge. 


Et non, pas eu le droit à la bise sniff




mercredi 8 juillet 2015

La Mountagnole par Benjamin

La Mountagnole 

Vu par Benjamin

 

 Mon parcours

 

On commence par une mauvaise nouvelle, 48 heures avant la course, mon père remarque que ma selle est fendue en deux, je pensais qu'il y avait juste une petite écorchure mais c'était bien plus grave, obligé donc de changer la selle la veille du départ.
C'est la course la plus dure de la saison; Elle part de Tarascon-sur-Ariège pour se terminer à Auzat. Mon père m'accompagne à la course, on doit partir à 4 heures 15 du matin, mais nous sommes tous deux réveillés à 3 heures du matin, donc après un petit déjeuner nocturne, nous voilà lancés sur la route, pour le moment en voiture sur cette longue ligne droite qui nous mène à Tarascon. Nous y arrivons à 6h30 et je remarque que sur les sommets entourant la ville que la brume est encore un peu présente, contrairement à ce qu'annoncée la météo; par contre la température est déjà assez bonne.
Je partirais dans le sas prioritaire, j'en ai en effet fait la demande.
Je laisse donc mon père à la voiture et me dirige, à 7h30, vers le départ, cette courte distance va me servir d'échauffement, avec une belle bosse, bien que courte, et une descente sur une petite route à flan de montagne, magnifique. Cependant, je ne peux pas rentrer dans mon sas, en effet, nous devons attendre que les participants de la Grande Ariegeoise (167 kilomètres) partent. Nous y rentrons donc à 8 heures et quelques. Ceci pour une attente d'environ une demi heure, notre départ étant pour 8 heures 30.
Je croise certaines connaissances et vais partir aux côtés d'un autre gars de Lavaur et à côté de Clément, ce qui nous permet d'échanger avant le départ. Je suis également aux côtés d'un autre pote que je croise sur les courses UFOLEP, ça me fait donc bien plaisir de courir avec des personnes que je connais et apprécie, même si nous n'avons pas le même niveau.
Quel est mon objectif d'ailleurs? J'avais annoncé il y a plus d'un mois un top 100, mais après l'échec du Tour du Tarn Sud je ne me fixe plus grand chose. Allez, être dans les 10% de la cyclo serait pas mal, après avoir fait 53ème sur 543 à la Castraise et 20ème sur 261 à la Marion Clignet, ça serait bien de continuer dans ce sens, donc objectif 285ème. N'ayant pas fait de haute montagne (seulement de la moyenne dans la montagne noire) je pars quand même dans l'inconnu.
Et voilà le départ est donné, et ça va plus vite que je ne l'aurais cru. Tout le monde veut être devant, ça frotte, c'est dangereux, et un coureur chute. Pour ma part je reste vers la 60/70ème place, préférant la sécurité. Toutefois, après quelques kilomètres, je me trouve étrangement bas sur le vélo. Est ce seulement une impression? Pourtant celle ci est tenace. Nous entamons la première ascension de la journée, rien de comparable avec ce qui nous attend, elle fait 400 mètres, mais à 10% environ, je remonte dans les 40 premiers à cette occasion mais je me rend compte à présent que je suis vraiment bas, profitant d'un moment plus tranquille, je jette un regard à ma selle et drame, elle est un peu orienté vers la droite, ça veut dire qu'elle est un peu desserrée. Nous avons alors parcouru 8 kilomètres, et je comprends que ça ne va pas bien se passer. Sachant que mon père m'attend à Biers (kilomètre 60), je me dis un temps que c'est possible de rouler comme ça jusqu'à là bas, même si il y a un col, mais très vite, je comprends, alors que la selle est de plus en plus basse, que ça ne sera pas possible...
C'est à Foix, au 18ème kilomètre, que la mort dans l'âme, je m'arrête, heureusement mon père m'a passé une clé juste avant la course, je perds 2 minutes 30 et surtout le bon groupe, ceux dont il faut suivre les roues. Puisqu'il n'y a eu que du plat depuis le début, des centaines de cyclistes me dépassent... Je repars enfin, pour me rendre compte que je n'ai pas assez remonté la selle. 1,5 kilomètre plus loin je m'arrête encore, je perds un peu moins de temps (pratiquement 2 minutes) et cette fois je repars pour de bon, j'ai bien sur réglé la selle à l'œil, mais je juge que ça passe. On verra après la course que j'étais tout le long 2 centimètres trop bas, ce qui a une incidence sur mes performances.
Nous sommes dans les faux plats menant au véritable pied du col de Péguère, celui ci fait 17,4 kilomètres à 5% il me fait un peu penser au col de Dourgne ou Sorèze, en deux fois plus long tout de même et avec un passage très dur vers le milieu, on est quasiment en permanence entourés de forêts.
Je suis donc à présent très très loin de la tête de course. Je roule fort pour remonter des groupes entiers de coureurs, je reprendrais pratiquement une minute sur les premiers alors que nous abordons donc le pied du col. Vu là où je suis, j'opte pour le choix de monter le col sans me mettre dans le rouge, ça ne sert à rien de risquer d'exploser pour "rien".
Ce début de col est donc assez ''facile" pour moi, de plus, étant bien loin de là où je devrais me trouver, à l'exception d'une dizaine de coureurs, je suis celui qui monte le plus vite, et je vais dans ces premiers kilomètres de col doubler des dizaines et des dizaines de coureurs. Les pelotons quasiment compacts explosent, il y a des cyclistes presque partout, à peine en ais je doublé un que me voilà dans la roue d'un autre etc.
Cependant, faire le "jump" de groupe en groupe fatigue, et alors que nous rentrons dans la brume et la bruine, je souffre, encore plus dans le passage dur, on y voit pas à 20 mètres et ne sachant pas ce qui m'attend, je baisse vraiment de rythme. Alors que nous arrivons proche du sommet, je me suis trouvé un groupe que je vais lâcher bien involontairement sur les coteaux (si on peut appeler ça comme ça) qui suivent le sommet. Ils me reprendront peu avant le premier ravitaillement. Là, mon groupe qui doit être d'une quinzaine de coureurs, se sépare complètement. Certains s'arrêtent au ravitaillement, d'autres qui étaient sur le grand parcours et que nous avons rattrapé dans le col partent sur leur parcours qui se sépare du notre et enfin les premiers mètres de descente font des écarts.
La descente parlons en, on descend le col de la crouzette, une horreur à monter, j'avais en 2004 mis pied à terre tellement les pourcentages étaient durs. Je suis sur les freins, ça descend trop fort, certains me dépassent, j'en dépasse certains, sur de telles pentes, on ne peut que descendre à son rythme. Malheureusement, une descente pareille ne nous permet pas de récupérer.
A la fin de la descente, me voilà dans la roue d'un coureur alors que j'arrive à Biers, et je m'arrête à hauteur de mon père en lui expliquant mon problème qui est la raison que je sois si loin. Désabusé, je m'arrête pour pisser alors qu'il regarde rapidement la selle, j'en profite pour prendre deux bidons pleins. Je lui demande des nouvelles de mes potes, le seul qu'il ai vu était Clément qui à ce moment là  est passé 21ème. Je perds encore 1 minute 30 dans cette affaire et me refais dépasser par 40 coureurs. Au moment où j'arrivais à Biers, mon père avait compté que j'étais 320ème. Donc je repars aux alentours de la 360ème place.
Le deuxième col s'enchaine immédiatement après la descente, sans répits, il s'agit du col de Saraille, annoncé de 5,2 kilomètres à 6%, données trompeuses, très irrégulier, il offre des pentes terribles entrecoupées de quasi plat. Je le monte tranquillement, je dois dépasser 5 coureurs et 5 coureurs me passent, statut quo.
Lors de ce col on traverse un village hors du temps, les vieux sur le perron de la porte en train de regarder l'événement. Je n'en ai pas parlé jusque là, mais il y a du public, par grappes, avec banderoles et panneaux pour encourager le club, l'ami, le père qui court, ou tout simplement pour encourager, à Biers, il y avait une bande de jeunes déguisés tout ça dans un esprit bon enfant. Donc ce village, hors du temps, on se croirait à 1950, avec le Tour de France qui passe devant chez eux, je pense à un vieux monsieur qui regardait passer les coureurs en train d'allumer sa porte, sur la petite route montante traversant le village.
En haut nous entamons une descente en deux parties. La première, pleine de gravillons, on a été prévenus au départ, on est donc prudents, la seconde, beaucoup plus technique et avec une route propre. Je fais parler mes talents de descendeur et dépasse une quinzaine de coureurs, ce qui me permet de me retrouver dans un groupe pour la transition de 9 kilomètres qui va nous amener au gros morceau de la journée. Je relais dans mon groupe et on revient sur un autre, on est une vingtaine, j’essaie autant que faire ce peut de récupérer à l'arrière. Pas facile, la route monte, peu, mais assez pour continuer à nous fatiguer.
Nous arrivons donc à Aulus-les-bains pied du col d'Agnès, un col connu du Tour de France, et il n'a rien à voir avec les autres. Il fait 10 kilomètres à plus de 8%. Sur une route sans virage, avec un paysage banal où on a l'impression de ne pas avancer. Le reste est très dur, je vous ai mis le profil du col en pièce jointe.
Mais revenons à la course, comme d'un seul homme tout mon groupe s'arrête au ravitaillement au pied du col, pour ma part, je ne remplis qu'un bidon et je repars... Avec le groupe qui nous suivait, composé majoritairement de coureurs (dont une femme) que j'ai pour la plupart passés dans la descente. Dès les premiers mètres, ça explose de partout, la pente est très très dure, si nous avions la brume et la bruine dans Péguère, là c'est un soleil qui provoque une forte chaleur. J'ouvre le maillot en grand, enlève mes gants, tout est bon pour un peu moins de chaleur. 


Un coureur va me passer très rapidement dans l'ascension, il monte beaucoup plus vite que tout le monde. Moi, comme tout le monde, je suis planté, j'avance pas, les autres non plus d'ailleurs. Ces deux premiers kilomètres, ils vont durer quasiment 15 minutes, en plus sans virage, l'impression d'être arrêtés est décuplée. Au loin, on voit des coureurs, j'ai l'impression qu'ils ne sont pas loin, mais en fait, ils sont facilement 3-4 et même 5 minutes devant. C'est une vraie bataille mentale pour ne pas poser pied à terre, je regrette de ne pas avoir écouté mon père qui voulait que j'ai un braquet de 34x28 et de n'avoir que le 34x25; heureusement après ces deux kilomètres je trouve mon rythme sur des pentes un poil plus douces... ou plutôt moins dures.
Et alors là, je ne comprends pas, car je n'avance pas bien vite, mais ça va être un festival, je vais remonter sur les 8 kilomètres d'ascension qu'il reste une centaine de coureurs. Aucun ne tiendra ma roue, aucun ne me dépassera, ça motive, et petit à petit je remonte, remonte remonte.
Dans la montée, on croise spectateurs et bénévoles, deux tiennent des tuyaux pour nous arroser, un autre propose un gobelet d'eau, d'autres encouragent, c'est génial. Je rattrape à 3,5 kilomètres du sommet un pote, en perdition, après lui avoir proposé à manger, je continu ma route. Pas longtemps, je remplis un dernier bidon à trois kilomètres du sommet, ça sera mon dernier arrêt (30 secondes de perdues à nouveau). L'avant dernier kilomètre, dans la brume, fait mal, il est aussi dur que les deux premiers, mes mollets sont proches d'exploser mais voilà la descente, le plus dur est passé.
La descente est top malgré le vent. Grande route, pentue mais pas trop, je me régale et dépasse encore quelques coureurs, le paysage, plongeant sur l'étang de Lers, est somptueux, et immédiatement nous commençons l'ascension du Port de Lers; 4 kilomètres 6%, j'entame fort, surmotivé par l'ascension précédente, mais après 98 kilomètres, les jambes me font comprendre que ça va aller moins vite. Au pied un spectateur me dit que je suis 240ème. Mais voilà, le Port de Lhers est terrible dans le sens qu'il est surtout fait d'une très longue courbe, de 2,5 kilomètres, et en bas, on voit au loin, en haut, les concurrents précédents, lorsqu'on se dit qu'il va falloir monter jusque là, pffff coup au moral.
Dans ce col je me fais reprendre à 2 kilomètres du sommet par le premier de l'Arigeoise Grand Parcours, je l'encourage et il me remercie, il monte vite mais pas non plus à un point inimaginable.
Mais à 1,2 kilomètres du sommet, j'explose complètement, je pense que je prends une fringale, je me suis bien alimenté mais le petit déjeuner était à 3 heures du matin... Il y a 9 heures maintenant... Je me fais dépasser par plusieurs participants, le deuxième et le troisième du grand parcours me déposent eux aussi. Je bénis le sommet lorsque je passe. Je fais la descente sans prendre de risques, doublant quelques coureurs qui me repassent sur les deux derniers kilomètres de plat, je termine avec trois autres coureurs. 244ème, mais au classement, je passe au 262ème rang, étant parti dans le sas prioritaire, je suis passé sur la ligne de départ avant ceux d'après, et mes arrêts ne sont pas comptés, toutefois, je réussis malgré tous ces problèmes à faire dans les 10%, satisfait donc.

Au final, il y a forcément la déception de ne pas avoir pu défendre mes chances en m'arrêtant si vite et si longtemps et d'avoir perdu des forces en remontant les groupes. Mais en contrepartie, je me suis fait plaisir à remonter des dizaines, des centaines de coureurs dans Péguère et Agnès. De plus, l'organisation, les bénévoles et les spectateurs au top font que cette journée est sans doute mon meilleur souvenir depuis que j'ai commencé le vélo, qu'est ce que j'ai souffert (cf photos) mais qu'est ce que j'ai pris mon pied!
Je conseille à tous les cyclistes de participer au moins une fois à cette épreuve.

 

vendredi 3 juillet 2015

La Mountagnole by Clément

La Mountagnole 

Vu par Clément


L'Ariégeoise c'est la plus grosse cyclo à laquelle j'ai participé aujourd'hui. Beaucoup de participants (environ 5000 sur les trois parcours et un peu moins de 3000 sur la mountagnole), un parcours dédié aux grimpeurs dans les Pyrénées. C'est donc mon objectif de cette année et je me suis fixé l'objectif de faire un top 10. Ce n'est pas rien et peu de personnes pensent que j'en serais capable. Moi-même je n'en suis pas sûr. Mais c'est le genre d'objectif qui motive et qu'il faut se donner sur la course que l'on a entourée en rouge sur le calendrier.

J'arrive sur place la veille avec le mini-bus du club. On a réservé des bungalows dans un camping pour passer la nuit proche de Tarascon sur Ariège. La nuit est assez courte et mauvaise pour ma part. Le "lit" équivalent à une planche de bois et l'excitation ne me laissent dormir que 5h ce qui n'est pas dans mes habitudes.
Je remercie mon équipe pour m'avoir nourri le matin de la course, ayant oublié de prendre de quoi faire le plein, je n'avais pas l'air malin...

Nous nous dirigeons vers le départ qui est prévu pour 8h30. Il fait plutôt frais et le ciel est couvert. On ne voit pas le sommet des montagnes autour de nous, cela annonce du brouillard en haut. Nous sommes dirigés vers le sas des dossards prioritaires de façon à faire le tour de Tarascon. Je retrouve à ce moment Benjamin avec qui je pourrais discuter et faire passer le temps avant le départ. Je suis assez loin, autour de la 150ème place. Ce n'est pas un problème la course ne se fera pas sur le départ.
Le départ est lancé et je cherche tout de suite à remonter par la gauche. Cette opération n'est pas aisée. Les voitures arrivant en contre sens que les organisateurs font garer sur le bas côté sont une gêne récurrente. C'est au niveau des deux murs d'Amplaing que j'arrive à la hauteur souhaitée autour de la vingtième place. A une dizaine de kilomètres, alors que je suis au côté d'un coéquipier, j'assiste aux premières loges à une chute spectaculaire. Alors que le coureur part contrer une énième attaque (certains semblent avoir oublié qu'il y a encore 100 km de montagne ^^), il déchausse sur la gauche de la route et se retrouve de l'autre côté de la route en vrac. Je passe mais derrière on entend chuter plusieurs autres personnes. Cela aura calmé les ardeurs de certains et plus aucune attaque n'aura lieu avant Foix.
Le début des hostilités aura vraiment lieu après 30 km. Dans le col des Marrous, le coureur de l'UVM, Nicolas Amblard, pose une première attaque trouvant le rythme pas assez soutenu. Le team GSO va alors rouler pour revenir sur le fuyard. Conséquence : la sélection se fait. Nicolas est repris mais quelque temps plus tard, il pose une seconde mine. Là ça commence à faire mal, on est en file indienne et les visages commencent à se crisper. A tout ça il faut ajouter la bruine qui humidifie les corps. Moi je me concentre sur un coureur en particulier, Damien Echeverria, j'ai un niveau proche du sien et en le suivant j'espère éviter les erreurs. Le rythme finit par descendre d'un cran, les pourcentages ne sont pas assez élevés pour écrémer plus que ça. Nous finissons le premier col avec un groupe d'un peu moins de 30 coureurs. Je suis plutôt bien mais je vais faire l'erreur de basculer dans les dernières places.
La descente du col de Lacrouzette... quelle M...E. Une visibilité de 20 m à cause du brouillard, une pente raide, la route humide et étroite dans sa première partie. Autant de raisons pour descendre prudemment ou du moins essayer. Je ne suis pas à l'aise et malgré que je ne descende pas très vite ma roue arrière chasse une fois. Une fois la première partie raide terminée, je me retrouve loin derrière avec un jeune comme moi de Balma. Je lui prends le relais en lui disant que l'on est mal barré. Arrivé en bas, un spectateur nous annonce que l'on a 2 minutes de retard. Je m'imagine assez loin dans le classement mais j'apprends à l'arrivée que le père de Benjamin me voit passer en 21 ème position. 
On prend des relais très appuyés et nous rattrapons un groupe de trois devant nous au pied du col de sarailles. Ce col n'est pas le plus long mais il n'a rien à envier au col d'Agnes par ses pourcentages. Je fais le premier kilomètre derrière le groupe ayant du mal à retrouver mon rythme. Il faut comprendre mon état d'esprit à ce moment de la course, j'enrage d'avoir été lâché par la tête à cause d'une descente. Après que mes jambes se soient remises en route, je passe ma frustration sur les pédales de mon vélo. Je donne le tempo et rattrape au passage un ou deux autres coureurs. J'élève régulièrement le rythme et derrière ça grimace. Au sommet, un seul coureur aura pu me suivre. Oui mais de nouveau, nous voici devant une descente dangereuse avec une bande de gravillons au milieu de la route. Le groupe se reforme dans la descente et j'aborde la vallée dans un groupe de 7/8 coureurs.
Dans cette vallée, j'essaie de chercher des alliées pour prendre des relais. Mais ça ne se bousculait pas pour venir m'aider. Fatigue? Peur du col d'Agnes? On fini pourtant par organiser un rouleau mais de 6 à relayer à bon train, on s'est vite retrouvé à 2... Forcément un rouleau à 2 c'est moins efficace. J'ai donc réalisé la moitié du taf en arrivée à Aulus.

Au pied d'Agnes, on m'annonce à 6 minutes du premier. Le mot passe dans le groupe qu'il faut se ménager dans les premiers kilomètres car ils sont vraiment durs. Depuis le temps, je me suis résigné et décide de ne pas chercher à me mettre dans le rouge. Je passe devant histoire de monter à mon rythme, je trouve ma position et mon rythme cardiaque est calé à 175 puls. Je me retourne et me rend compte que personne n'a cherché à me suivre, j'ai mis 100 m à mon groupe. Je suis surpris car je ne pensais pas avoir forcé. Je continue comme ça et commence à avoir de meilleures sensations. J'alterne position assise et danseuse. Je suis parfois limite en braquet avec mon 36/28 quand je veux me rasseoir dans les plus gros pourcentages mais dans l'ensemble ça va. J'aperçois enfin au loin un autre coureur dans une ligne droite. Enfin, un point de mire sur lequel me raccrocher, je commençais à sentir la solitude. Pour passer le temps, je chronomètre le temps qui me sépare de lui : 1 min 30. Un peu plus loin, il ne reste plus que 30 s. Je le rattrape et c'est comme si ça faisait un peu moins mal d'appuyer sur les pédales. Je le double, il en bave et je m'éloigne. Je lève ma tête, voit un autre coureur et me dit au suivant. Je passe mon temps à contrôler mes sensations, ma fréquence cardiaque, à choisir si je tombe une ou deux dents quand je passe en danseuse. Sans m'en rendre compte, l'air d'une musique me revient en tête et si je n'avais pas été essoufflé je me serais mis à siffler. Je double à intervalle régulier des concurrents. Aucun d'eux n'a essayé de prendre ma roue. J'ai retrouvé le moral et j'ai l'impression de faire une belle montée. Mais ce n'est rien comparé au moment où je rattrape Aline de mon club qui est partie en avance pour nous voir passer. Quand je la dépasse, elle m'apprend que je suis 12 ème. Depuis le départ, c'est la première fois que je connais mon classement. Je suis à deux doigts de réussir mon objectif de top 10 et devant moi se trouve un groupe de 4 coureurs à dépasser. C'est survolté que j'arrive enfin à leur hauteur. Je les dépasse à l'intérieur d'un lacet et continu mon chemin, personne ne me suit. Je me retrouve de nouveau seul. Personne ni devant, ni derrière. Heureusement, les spectateurs se font de plus en plus nombreux, de quoi maintenir la pression sur les pédales. On se rapproche du sommet. Tuyaux d’arrosage et verres d'eau tendus à bout de bras permettent aux coureurs de se rafraîchir. En effet, le soleil a refait son apparition et ça commence à chauffer. Sur les derniers kilomètres, j'aperçois ma nouvelle "victime", je le dépasse avant le sommet du col et je bascule en direction de l'étang de Lers. Je ne cherche pas à gagner du temps dans la descente. Je préfère faire tout ce que je n'ai pas pu faire dans la montée. Boire, manger, décontraction des muscles, observer le paysage magnifique, et chercher si je ne vois pas le prochain coureur dans les lacets plus bas. Du coup, je me fais rattraper par le dernier coureur que j'ai doublé.
C'est au niveau de l'étang que j'arrive à la fin de mes deux gourdes mais c'est aussi là que s'est posté le fan club du VSC à qui j'avais passé une troisième gourde. Je l'attrape au vol et suis près pour la dernière ascension celle du Port de Lers. Je repars sur le même rythme que celui du col d'Agnes sachant que c'est ma dernière chance pour améliorer mon classement. Je vais effectivement gagner une nouvelle place et donc basculer en 6 ème position. C'est seulement dans la descente finale que je me rends compte de mon état de fatigue globale. Je crains de me faire rattraper dans la descente et j'essaie de relancer en sortie de virage mais les cuisses sont grosses. J'arrive dans le dernier kilomètre à Auzat en faux plat montant toujours en 6 ème place. Il n'y a plus grand chose à gagner mais pour la forme et les spectateurs je le fais aussi vite que possible. Je passe la ligne 6 ème avec une immense joie.

Je suis classé au final 7 ème et 2 ème de ma catégorie car, je me fais battre par quelqu'un ayant passé la ligne de départ après moi et ayant donc fait le parcours plus rapidement que moi.
Je suis extrêmement fier et d'autant plus après avoir vu la tête de chaque membre du VSC quand ils sont arrivés. Je me souviendrais longtemps de la montée du col d'Agnes comme celle du mont Ventoux. Je souhaite à tous cyclistes de vivre l’ascension d'un grand col avec la même euphorie que j'ai éprouvée. On se sent vraiment puissant (même si ce n'est pas forcément le cas ^^) et à chaque nouveau cycliste en point de mire, on oublie la douleur.

Avant de finir voici le point sur mon programme :
- 12 juillet multisegur
- une possible FSGT dans le Gard
- je réfléchis pour retourner sur le Ventoux et faire les trois ascensions différentes d'affilées
- La Laurent Jalabert